Katharina Gross
Période en résidence 15-06-2020/30-09-2020
Katharina Gross, violoncelliste, interviewée par Friso Wijnen
Après des études à Cologne et à Manchester, la violoncelliste Katharina Gross se rend en 2011 à Amsterdam grâce à une bourse du ministère de la Culture de son pays d’origine, l’Autriche. La ville lui plaît et la jeune femme décide d’y rester. Jusqu’à fin septembre, elle est artiste en résidence à la maison Van Doesburg, à Meudon-Val-Fleury, « un lieu où l’histoire vous parle. »
Pourquoi avez-vous choisi de vous installer aux Pays-Bas ?
« J’ai vécu dans différents pays. Ce qui m’attire particulièrement aux Pays-Bas, c’est l’aspiration interdisciplinaire des acteurs culturels. En tant que violoncelliste, j’ai reçu une formation classique. Pourtant j’ai su tout de suite que mon ambition allait au-delà. Mon souhait était de collaborer avec des artistes d’autres disciplines, ce que j’ai pu faire aux Pays-Bas avec une facilité stupéfiante. »
Theo van Doesburg était aussi un artiste pluridisciplinaire. Ressentez-vous une certaine affinité ?
« Oui, comme lui je ressens le besoin d’explorer de nouveaux territoires. Un des premiers projets pluridisciplinaires auxquels j’ai participé aux Pays-Bas était Cello Box, avec le compositeur Arnold Marinissen et la plasticienne de la lumière Marion Traenkle. Je me trouvais dans un mini théâtre, une sorte de grosse boîte, et la lumière réagissait instantanément à ma musique. C’était novateur et palpitant et j’étais sûre de vouloir continuer sur la voie de l’expérimentation. »
Comment est venue l’idée de la maison Van Doesburg ?
« Il y a deux ans, j’ai demandé au Néerlandais Jan van de Putte de me composer une œuvre. Le Fonds néerlandais pour les arts de la scène a apporté son soutien à cette commande et c’est ainsi qu’est née la composition Vorsicht, Katharina ! Jan m’a parlé du séjour qu’il avait fait à la maison Van Doesburg, il y a vingt-deux ans. L’amour et l’émerveillement avec lesquels il évoquait ce lieu ont piqué ma curiosité. J’ai fait une demande de résidence qui, à mon grand bonheur, a été acceptée. »
Qu’avez-vous ressenti en franchissant le seuil de cette maison pour la première fois ?
« Oh, j’habite dans un monument ! C’est la première idée qui m’a traversé l’esprit. Tant de choses se sont passées, ont été inventées et créées entre ces murs, y compris par Nelly van Doesburg, et j’ai l’honneur de prendre la suite. J’éprouvais un mélange d’exaltation et de fierté. Les volumes et la luminosité de la maison m’ont plu et je me suis tout de suite sentie chez moi. »
Comment s’est déroulé votre séjour ?
« J’ai travaillé avec le compositeur Aurelio Edler-Copes au premier jet de Transformation, un morceau dans lequel j’utilise des pédales d’effet pour guitare électrique. Cela exige un certain entraînement. Nous allons l’interpréter lors de la semaine musicale Gaudeamus à Utrecht, avec une installation lumineuse spécialement créée par Theun Mosk. Pendant mon séjour, j’ai aussi travaillé à ma propre création, Sehnsucht, une performance en solo qui associe musique et théâtre. C’est une pièce qui évoque le désir et la souffrance, la quête d’une chose introuvable. Elle sera présentée en première pendant la biennale de violoncelle d’Amsterdam en octobre. »
Que retenez-vous de votre résidence à la maison Van Doesburg ?
« J’ai pu y travailler avec plaisir et concentration. La maison me manquera, de même que les promenades dans la forêt toute proche. Jan van de Putte avait raison : c’est un endroit fantastique. Je suis heureuse que cette maison ait été la mienne pendant quelque temps. »
Pour plus d’information voir le site https://www.katharinagross.at/ . La résidence d’Katharina Gross a reçu le concours du fonds Neérlandais pour les Arts de Spectacle . Cliquez ici pour regarder une vidéo avec Katharina où elle partage plus sur son séjour dans le maison Van Doesburg.